Jamais deux sans trois. Après 2007 et 2015, cette troisième finale en 2018 fut la bonne. Quelques mois après avoir reçu la certification « Gold » de l’Association de la sommellerie internationale (ASI), Éric Goettelmann, chef sommelier exécutif du groupe Bernard Loiseau depuis 19 ans, devient « Un des Meilleurs ouvriers de France » sommelier.
« Un travail, une fierté, un honneur. Voilà ce qui me vient à l’esprit tout de suite. J’ai d’abord une pensée pour tous ceux qui n’ont pas le titre, car je sais ce que ça fait. Le plus dur : le digérer, essayer de comprendre, se relever, et avoir le courage et la force de se représenter. J’ai pour ma part fait un gros boulot sur moi-même, qui a été payant aujourd’hui mais qui a demandé des années. Maintenant, c’est fait ; je peux sortir par la porte du haut et ne pas rester sur une défaite. C’était mon objectif. Ce titre demande beaucoup d’entérinement, y compris sur le mental. Je fais beaucoup de sport, et j’en avais besoin. Ce qui a fait la différence, c’est l’amour de ma famille et de mes proches ! Ils étaient tous avec moi ; je l’ai senti. Ça ne s’explique pas. Je ne voulais pas les décevoir une nouvelle fois. En 2004, j’étais à Avignon (84) pour le Meilleur sommelier de France ; c’était mon premier concours. Ma fille, qui était petite, et en la prenant dans mes bras, elle me dit « Papa, pas gagné ». Ça m’est resté. Elle est née en 1998, et a 20 ans en 2018 ; deux années où nous sommes devenus champions du monde. Ce sont des choses fortes, ça me parle. Et c’est pour elle. Je suis content que la boucle se boucle ainsi. Si je ne devais pas l’avoir avant, c’est que ça ne devait pas se faire. Aujourd’hui, ça s’est fait parce que j’ai peut-être plus de maturité, plus d’expérience. Je crois que j’ai évolué, que ce changement fait la différence et permet d’apprécier la chose. Quand on travaille avec labeur, je crois, j’espère que l’on garde une certaine humilité – car on est loin d’être parfaits. Avec le col bleu-blanc-rouge, on se donne aussi un devoir ; c’est la France, la nation. On doit être fiers de l’avoir mais aussi respectueux… pour les générations futures. C’est la transmission, et ça fait longtemps que je me suis engagé et je compte continuer. Car pour que je sois ce que je suis devenu, beaucoup de gens m’ont légué leurs connaissances. moi, aujourd’hui, d’essayer de rendre ce que l’on m’a donné pour que ça se pérennise. J’aime beaucoup cette phrase de Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. » Le MOF, c’est pareil. »
Sur le même sujet :
Jean-Baptiste Klein : « C’est une nouvelle page qui s’ouvre au sein de la grande famille des MOF »