À l’occasion de la Fête de la sommellerie à Cognac (16), Un œil en salle a échangé avec le Rétais Jean-Luc Pouteau, qui faisait également partie du voyage. Portrait du premier titré au Meilleur sommelier du monde.
« Ce sont les jeunes qui vont transmettre le message du vin et des eaux-de-vie à leurs clients. Étant jeune, j’aurai bien voulu avoir ce type de rendez-vous comme cette Fête de la sommellerie !, explique Jean-Luc Pouteau, présent à Cognac (16) pour célébrer les jeunes sommeliers. Aujourd’hui, il y a beaucoup de choses réalisées eux. On peut aussi apprendre sur le vin avec les réseaux sociaux, Internet. Avant, il fallait se former sur le tas. Il fallait aller sur place, apprendre auprès des vignerons. » Rien ne prédestinait ce Rétais à se passionner pour le vin. D’ailleurs, « jusqu’à mes 23 ans, je ne buvais que du cidre. Le vin ne m’intéressait pas », se souvient-il auprès du média Actu La Rochelle. Avec son CAP de cuisinier en poche et sa formation de pâtissier, il exerce dans différentes maisons, dont l’étoilé de l’époque Serge à La Rochelle (17). Et découvre le milieu saisonnier. « J’avais un salaire de 867 francs en tant que pâtissier et là on me proposait 1 500 francs par moi plus les pourboires », poursuit-il. Service militaire oblige, Jean-Luc Pouteau intègre la Marine à Brest (29), où il rencontre Maddy, fille d’un vigneron – et qui deviendra plus tard son épouse -, qui lui fait découvrir le Cabernet d’Anjou. Embauché comme maître d’hôtel à l’Auberge d’Eventard à Angers (49), mais avec « des connaissances œnologiques limitées », son patron I’envoie faire la tournée de fournisseurs viticoles. II y prend goût et profite de ses jours de congés pour approfondir sa connaissance des crus régionaux : Chinon, Bourgueil, Saumur.
Meilleur sommelier de France en 1972, puis du monde en 1983
En 1972, il s’inscrit au concours du Meilleur sommelier de France. II arrive premier de l‘épreuve régionale mais dernier en finale à Paris. II s’acharne travaille méthodiquement et en 1974, il est 4ème de la finale nationale. Et en 1976, à 31 ans il est reconnu comme Meilleur sommelier de France. Sa jeune notoriété lui permet d’être embauché comme sommelier dans des établissements parisiens prestigieux. Il décide alors de mettre le couvert à La Marée, jadis double étoilée à Paris, où il y perfectionne sa connaissance des vins étrangers. En 1983, Ie concours du Meilleur sommelier devient mondial : il y représente la France. Parmi 37 candidats, il sera reconnu comme Ie meilleur, à Bruxelles (Belgique). Par la suite, Jean-Luc Pouteau a parcouru le Monde pour réaliser des conférences, formations et sélections conseils, tout en montant sa propre cave, Cave Pouteau, à Paris, qu’il a dorénavant transmise à ses enfants, Laetitia et Jean-Christophe.
En retraite « officielle », le septuagénaire est toujours bien actif. « Avec le Covid, mes voyages se sont estompés… Mais je dois retourner prochainement au Japon et en Chine pour des conseils en vins, glisse celui qui est installé sur l’Île-de-Ré depuis 2010. Je continue aussi de sélectionner les Bordeaux primeurs. Bordeaux n’étant pas loin de chez moi. » Jean-Luc Pouteau, qui ne manque pas d’humour, est aussi un passionné des capsules de champagnes et de pétillants. Sa collection en compte 66 000. Toujours à l’écoute et dans le « vent » du milieu de la sommellerie, il suit avec attention tous les concours, et bien sûr le Meilleur sommelier du monde. Aujourd’hui, ils ne sont que 16 à être honorés de ce titre, dont 5 français*. Comme beaucoup, Jean-Luc Pouteau espère que la candidate Pascaline Lepeltier fera la différence du 7 au 12 février 2023, à Paris.
- * Les 5 français : Jean-Luc Pouteau (1983), Jean-Claude Jambon (1986), Serge Dubs (1989), Philippe Faure-Brac (1992), Olivier Poussier (2000).