Cette date marque l’inauguration du plafond peint par le maître Touchagues, et le 30èmediner de la « casserole » de la mythique maison parisienne Lasserre. De format A6, le menu, tiré exceptionnellement à 40 exemplaires, et le récit de cette soirée sont racontés par un épicurien, Jean-Maurice Sacré.
Article paru dans le magazine Un oeil en salle N°6
Où ? René Lasserre, un jeune homme audacieux et clairvoyant s’installe en 1942 au 17 avenue Victor-Emmanuel III, rebaptisée avenue Franklin Roosevelt après la guerre. En ce lieu se trouvait un bistrot construit dans un petit jardin pour l’exposition universelle de 1937.En 1948, René Lasserre crée le Club de la Casserole. En 1951, débutent de grands travaux permettant la surélévation du restaurant tout en lui ajoutant un toit ouvrant. La gloire est au rendez-vous. Lors des dîners du Club de la Casserole, tout un monde artistique, intellectuel et raffiné se côtoie autour d’événements aussi variés que la sortie d’une collection de haute couture, la sortie d’un film ou la première d’une pièce de théâtre. Janvier 1952 : les travaux sont terminés. Le peintre Louis Touchagues décore le plafond. Désormais, la salle s’ouvre aux rayons du soleil et aux étoiles lors de déjeuners et dîners mémorables lorsque le temps le permet.
Quand ? Lasserre fut mon premier émoi gastronomique l’année de mes 18 ans. À cet âge, où beaucoup de jeunes se délectent et se déhanchent aux sons endiablés des discothèques parisiennes, je dînais… seul chez Lasserre. Le plafond est inauguré lors du 30ème dîner de la « Casserole » le 27 juin 1952. Il y en eu 82 en tout.
Comment ? À cette occasion, René Lasserre lâchait quelques colombes blanches dans la salle. Chacune avait un numéro attaché à sa patte. Quand la colombe se posait sur la table ou l’épaule d’une dame, celle-ci emportait en souvenir
l’un des nombreux lots offerts par les plus grandes maisons, qu’elles soient de Champagne, de Haute Couture ou de parfums.Salvador Dalivenait dîner avec son fauve, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault y faisaient leur entrée sur un cheval… tout un poème !
Que ce tendre hommage rendu aujourd’hui à cette maison qui a tant contribué à rendre heureux des moments importants de ma vie, témoigne d’un attachement profond aux valeurs d’excellence et de perfection faisant des métiers de la restauration et de la salle quelques-uns des plus beaux métiers du monde.