C’est au colloque des arts de la table que ce terme est apparu. Dans sa quête de valoriser la filière, la Confédération des arts de la table a dévoilé ses projets. Explications.
« Ce qui ne devait être qu’une campagne de promotion des *arts de la table à la télévision s’est transformée en la création d’une Confédération ! Nous avons fait un très grand chemin en 15 ans dans plusieurs domaines, dont la connaissance du métier ou la cohésion des acteurs des arts de la table. Nous pouvons nous réjouir que cette profession existe », dit avec émotion Guy Bourgeois, qui a laissé sa place de président à la rentrée 2017 à Thierry Villotte. Organisé tous les deux ans, le colloque de la Confédération des arts de la Table a tenu sa sixième édition les 22 et 23 octobre à Orléans (45). Sur un thème inspirant : « Osez l’art de la table ! Faites la différence : Allez chercher le chiffre d’affaires de demain ». Économiquement, le marché des arts de la table se porte mieux. « À partir de 2008, et ce jusqu’en 2014, il n’avait cessé de chuter ; passant de 5 à 4.6 millions d’euros de chiffre d’affaires (CA sur le territoire français, constate Laurent Frelat de l’Institut I+C. Mais de 2014 à 2016, il y a eu une tonique progression des ventes (comprenant les distributeurs internet) de 4 %, soit un CA estimé à 4,8 millions d’euros. »
Cependant, le tableau est contrasté. La filière professionnelle fait un bond de 3.5 % (2016 vs 2014), quand le grand public n’augmente que d’1 %. Pourquoi donc ce regain d’intérêt pour les arts de la table ? « Il y a une vraie tendance de fond sur le bien recevoir, à l’heure où on ne compte plus les émissions culinaires. Les français aiment la table et être à table, note Thierry Villotte. D’ailleurs, une personne sur quatre a un intérêt pour les arts de la table. » Si bien que la CAT s’engouffre dans ce mouvement en créant le hashtag #tabling ! Un (nouveau ?) terme qui désigne… le bien recevoir. Pour « créer l’appétence », selon les termes de la bloggeuse Nessa Buonomo, d’un secteur peu connu du grand public, un événement va même lui être consacré en 2018 : le Tabling Week. Ce festival autour des arts de la table, en partenariat avec Le Fooding ou My Little Paris, se déclinera dans plusieurs restaurants à Paris, Marseille et Lyon. Pour accentuer cette mise en lumière, la CAT lance en amont une campagne de promotion, du 18 novembre au 20 décembre, sur différents canaux (presse et TV) en lien avec la thématique Osez l’art de la table (www.osezlartdelatable.com).
Savoir composer des histoires
Ce qui représente un défi de taille pour les fabricants, celui du « renouvellement de la clientèle ». Pour Philippe Moati, cofondateur de l’obsoco, les marques doivent se remettre en question : « Vous avez tendance à faire du haut de gamme, or il faut que la vaisselle soit accessible et jolie pour aller capter une clientèle novice sur les arts de la table. La marque a peu d’importance dans leur critère de choix. L’action collective aura plus d’impact sur la valorisation de votre filière. » Attention toute fois à ne pas omettre l’essentiel. « N’oublions pas que l’objet de table, au-delà de l’attention portée à l’esthétisme, doit avoir un usage ! Et il doit aussi offrir une histoire », explique la journaliste Sylvie Adigard. Bon nombre de designers ont travaillé dans ce sens avec des marques : Bruno Moretti et ses couteaux droitiers et gauchers lancés par Alessi avec et pour le chef Guy Savoy ; Patrick Jouin et sa ligne de couverts Puiforcat ; Philippe Starck et les Forges de Laguiole… La Porcelaine de Limoges a même sorti une collection d’assiettes telle des « œuvres d’art ». D’autres marques ont, elles, misé sur un renouveau : Pillivuyt a travaillé avec le cabinet de design Sismo sur la gamme Canopée, des assiettes aux bords inclinés ; Revol, spécialisée dans les plats, a sorti sa tasse à café froissée… Les arts de la table sont finalement plein de ressources.
– Que regroupent les *arts de la table ? Il n’y a pas de nomenclature définie, mais cela englobe la vaisselle, la verrerie, l’orfèvrerie (dont les couverts), le linge de table, les articles culinaires, la décoration et le petit électroménager portable (Institut I+C).
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