Du 12 au 15 septembre, Omnivore a fêté sa 15ème édition. Nouveau lieu, nouveaux espaces, le directeur Romain Raimbault, qui a pris la relève de Luc Dubanchet, nous parle de la mutation du festival, comme la volonté d’aborder davantage de sujets de fond, de valoriser l’ensemble des acteurs de la « food »…
Un oeil en salle : Omnivore vient de clore ses portes après 4 jours de festival, parlez-nous de cette 15ème édition ?
Romain Raimbault : Dans le milieu de la restauration, et encore plus après la période particulière que nous traversons, les mentalités changent. Et j’ai envie qu’Omnivore accompagne ce changement, notamment à travers la Scène « Grand Angle ». Que nous nous posions les grandes questions, comment allier la rentabilité à la responsabilité, souligner l’importance du management bienveillant… Qu’Omnivore soit le terrain de jeux de tous les jeunes entrepreneurs et des restaurants français. Nous avons souvent été dans cette caricature : Omnivore, le « grand show culinaire », le « festival de Cannes de la food » ; ça existe à travers la « Grande Scène » et ses démos techniques de cuisine, qui sont toujours autant soignées tant dans la réalisation que l’esthétisme. Mais ce n’est vraiment pas le seul sujet ! Omnivore s’intéresse à d’autres univers différents : le cocktail, les producteurs et les artisans – avec une scène dédiée « Artisan » depuis 8 ans… Je souhaite accélérer sur ces sujets connexes, le grand public comme les professionnels sont d’ailleurs en demande. Nous avons un socle très fort, nous voulons pousser les curseurs.
Le lien au vivant sera ma ligne directrice.
L’événement a été délocalisé au Parc Floral de Paris…
RR : Ce nouveau site nous offre plein de possibilités, en lui-même il raconte l’ouverture, et symboliquement, le lien au vivant. Ce sera ma ligne directrice les prochaines années ! Quand Luc Dubanchet m’a proposé de prendre la direction d’Omnivore, c’était bien sûr un honneur, mais je voulais proposer une configuration différente par rapport à ce qui était fait ces dernières années à la Mutualité. Un écrin qui nous a tant apporté, mais il fallait penser à autre chose pour cette 15èmeédition. Par exemple, la « Grande Scène » a été placée au fond du festival, à hauteur d’homme, avec moins de distance avec le public. Elle est donc volontairement moins impressionnante. Nous voulons un rapport plus direct avec les cuisiniers, et qu’ils ne viennent plus seuls, mais accompagnés de leur brigade !
Je crois qu’il est également important de parler d’une équipe, et non plus d’une seule et même personne.
Quels messages voulez-vous décupler ?
RR : Omnivore vise à inspirer la jeunesse, à ceux qui se lancent dans la restauration. Nous avons conclu un partenariat avec l’école Ducasse. De manière générale, dans les restaurants, je crois qu’il est également important de parler d’une équipe, et non pas d’une seule et même personne. Hugo Roellinger (Les Maisons de Bricourt, Cancale) a d’ailleurs parlé d’une « aventure collective ». Ce sont ces sujets que nous voulons raconter aujourd’hui, sans jamais renier ce que nous avons défendu. Car il fallait être armé d’un sacré courage en 2006 pour lancer un festival dans un paysage très formel et rigide. Luc a été très combattif et visionnaire, l’histoire lui a donné raison.
Qu’en est-il des métiers du service ?
RR : Il y a de réels enjeux… Et je suis bien évidement attaché à ces métiers. Éric Guérin (La Mare aux Oiseaux, Saint-Joachim) est venu avec toute son équipe, et il l’a redit « sans mon équipe de salle, ma cuisine ne vaut rien. » C’est très difficile de mettre en scène les métiers de service, mais on donne la parole. J’incite également les chefs à venir avec leurs directeurs pour dire comment ils rendent l’expérience singulière… Et que ces professionnels de salle se sentent autorisés à venir avec leur contenu… Les scènes dont je vous parlais tendent justement à les valoriser et leur rendre hommage. Notamment aussi à travers les Prix de l’hôte ou du sommelier Omnivore – qui n’ont hélas pas été remis cette année. Mais Omnivore y réfléchit…
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