Après une première escale en Martinique, l’Amazonia Trophy Table Art a tenu sa seconde édition en Guyane, les 8 et 9 février. Trois lauréats, Lucas Dietrich, Anyzéa Bonhommie et Marie Mauborgne, remportent le premier concours des arts de la table des Outre-mer qui mènera à une grande finale à Paris. Un projet ambitieux que nous vous proposons de découvrir.
« C’est le travail de plusieurs mois qui s’achève ; nous avons passé 2 jours extraordinaires. L’Amazonia Trophy Table Art est un événement qui vise à valoriser les filières des métiers de salle dans les départements d’Outre-mer. Nous voulons mener un combat pour montrer aux jeunes professionnels qu’il faut se former au service en salle, car nous sommes dans des métiers d’excellence », dit Béatrice Fabignon, qui a fondé le concours et qui s’est appuyé sur une délégation pour cette seconde escale, Emmanuel Fournis (Fondation Paul Bocuse), Stéphane Guénaud (Palais de l’Élysée), le MOF Kévin Chambenoit (Grimod Consulting), ainsi que d’une ambassadrice Guyanaise Malia Metella (Championne olympique). Le projet a vivement intéressé les politiques de la Guyane, département français aux 300 000 habitants, qui dispose à tort d’une image péjorative avec son passé sur le bagne, la fièvre jaune, etc. Après une tournée des médias locaux (TV, radio) une semaine avant l’événement, l’organisation a été accueillie par et chez le préfet de la Guyane, Patrice Faure, mais aussi à l’Hôtel de la collectivité territoriale de Guyane avec sa vice-présidente, Rolande Chalco-Lefay. « Vous avez projeté la Guyane dans la lumière. C’est une fête pour tous (nos) jeunes. Ils sont l’avenir de notre département. Les métiers manuels doivent être valorisés », a martelé le préfet lors de la remise des prix, qui s’était rendu à son initiative sur le concours. Sur place, les 8 et 9 février à l’Hôtel Belova à Remire-Montjoly, il a pu constater le panel de compétences qu’il faut acquérir pour travailler dans les métiers de salle. Emmanuel Fournis l’a même invité à flamber des bananes plantain ! Un défi accepté et validé.
Se sentir concerné
Le concours, destiné aux élèves et aux professionnels, a mobilisé les jeunes en hôtellerie-restauration du lycée polyvalent Melkior à Cayenne et du RSMA de Guyane, un dispositif militaire d’insertion socioprofessionnelle dédié aux Outre-mer. Ce dernier regroupe 600 jeunes de moins de 18 ans en Guyane (6 000 dans les Outre-mer), issus de l’école de la seconde voire troisième chance. « 60% sont illettrés. Le RSMA a une formation pour les métiers de bouche. Nous sommes là pour les aider à s’insérer dans la vie et à les rendre ‘employables’ », précise le lieutenant-colonel Hedin. Ce type d’événement a suscité un vif intérêt pour eux ; une vingtaine a participé en parallèle du concours aux mêmes ateliers (décoration florale, mise en place d’une table sur les JO 2024, découpe d’un poulet, flambage de bananes, réalisation d’une assiette de fruits exotiques, décantage d’un Champagne…). Il se sont sentis concernés et valorisés par la délégation ! Dans la catégorie « élèves », Anyzéa Bonhommie du lycée Melkior remporte la première place. « Je voulais faire de la cuisine, mais je me suis passionnée pour le service. J’aime rendre service aux gens. Ce que je retiens : ne pas stresser et croire en soi. Je remercie mon professeur Renaut Aubry qui m’a poussé à m’inscrire à mon premier concours et qui m’a entrainé depuis 2 mois », dit la jeune femme, 17 ans, en terminale STHR, qui a le projet de poursuivre en BTS en métropole. Côté « professionnels », il y a deux premiers exæquos : Lucas Dietrich, également étudiant au lycée Melkior, et Marie Mauborgne, formatrice-agent polyvalent de restauration au RSMA Guyane. Les prix spéciaux : Hervé Amayota (RSMA Guyane) pour l’ouverture du Champagne ; Pierre Gana (RSMA Guyane) pour la décoration florale. Tous les candidats ont pris des « initiatives. Vous êtes des exemples pour la jeune Guyanaise », s’accordent à dire Emmanuel Fournis, Kévin Chambenoit et Stéphane Guénaud. Le temps d’un concours, les candidats ont eu les yeux qui brillent, motivés à poursuivre dans les métiers de salle ; susciter des vocations, c’est également l’objectif de l’Amazonia Trophy Table Art. Les trois lauréats gagnent de nombreux lots, mais aussi et surtout leur vol aller-retour pour Paris où se tiendra une grande finale du premier concours des Outre-mer en 2020 ou 2021. Béatrice Fabignon prépare la troisième édition, probablement à la Réunion ou en Guadeloupe. Six escales devraient avoir lieu afin d’accueillir 12 candidats à la Capitale.
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